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En ce mois de mars, le club de lecture s'est réuni pour parler de livres sur le thème de l'eau. Voici les lectures au coeur de notre échange :
Philippe - La fin des océans, Maja Lunde, Pocket
Philippe a aimé ce roman d’anticipation écologique de la romancière norvégienne Maja Lunde. Initialement publié sous le titre Bleue, ce roman conte deux histoires reliées par un voilier.
La première est celle d’un père et sa fille qui ont échappé en 2041 à un mégafeu à Argelès. La famille s’est retrouvée disloquée, la mère étant de son côté avec son petit garçon. ILe couple a convenu de se retrouver dans un centre pour réfugiés. Arrivés dans ce camp, le père et la fille y trouvent d’abord une véritable aide, mais au fur et à mesure la solidarité fait place à l’anarchie et le camp finit par fermer. Ils partent donc pour un nouvel exode plus au Nord où ils trouveront un voilier dans un jardin, près d’un canal.
Le second récit se déroule en Norvège : une activiste sexagénaire revient dans son village natal et le trouve complètement transformé. En trente ans, le glacier a fondu et les industriels le découpent pour l’exporter sous forme de glaçons afin de rafraîchir les boissons des riches. La colère de cette femme monte quand elle comprend qu'un homme aimé autrefois participe à ce commerce.
Christine - La Terre a soif, Erik Orsenna, Livre de Poche
Dans ce livre érudit mais accessible, Erik Orsenna entreprend un parcours autour des grands fleuves et des grands lacs. C’est un récit à la fois historique, culturel et social.
Christine a trouvé ce livre très intéressant pour mieux connaître les raisons et la manière dont on gère la question de l’eau. Elle a apprécié la présence de cartes illustrant le propos et l’impression d’accompagner l’auteur dans son voyage.
Simone - Les eaux assassines, Dominique Van Cotthem, Genèse Editions
En juillet 2021, la région liégeoise est touchée par de graves inondations. Dominique Van Cotthem place son histoire dans ce contexte. Elle raconte l’histoire de trois familles sinistrées. Chacune de ces familles recèlent un secret qui ressort à la faveur de l’inondation. Simone a été très touchée par ce livre qu’elle a trouvé poignant.
Céleste - Lune froide sur Babylon, Michael McDowell, Monsieur Toussaint Louverture
Céleste a adoré ce roman de Michael McDowell, sans doute son préféré parmi les titres de cet auteur publiés en français jusqu’à présent. Elle y a retrouvé les thèmes récurrents de celui-ci : la vengeance, la lutte des classes… Et son talent de créateur d’ambiance.
L’histoire ? Une famille déjà endeuillée par un drame quelques années auparavant est à nouveau touchée par une perte douloureuse : la disparition d’une jeune adolescente. La grand-mère de la petite, accompagné de son petit-fils, est bien décidée à faire éclater la vérité. Encore une fois, Michael Mc Dowell excelle à dépeindre la noirceur de l’âme humaine.
Stéphane - Les travailleurs de la mer, Victor Hugo, Folio
C’est un défi ambitieux que s’était lancé Stéphane pour cette séance : se plonger dans ce gros classique de Victor Hugo, moins connu peut-être que Les Misérables ou Notre-Dame de Paris. Un roman dense et complexe, difficile à résumer : tâche à laquelle Stéphane s’est également vaillamment attelé.
Un armateur de Guernesey lance le premier bateau à vapeur : plus rapide, celui-ci menace de concurrencer sérieusement les voiliers. Mise à l’eau, la Durande fait naufrage et son propriétaire veut absolument en récupérer le moteur. Gilliatt, un jeune pêcheur qui convoite la fille du commerçant, entreprend cette mission périlleuse.
Marie - Le lac de nulle part, Pete Fromm, Gallmeister
Des jumeaux sont contactés par leur père pour une randonnée en kayak au Canada. D’habitude très organisé, celui-ci se comporte étrangement. Un huis clos familial en pleine nature qui a laissé un sentiment mitigé à Marie : le roman lui a paru un peu longuet.
Oxana - Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin, Livre de Poche
Comme nombre de lecteurs, Oxana a beaucoup aimé ce roman de Valérie Perrin.
Violette, est gardienne de cimetière. Elle raconte son quotidien, tout en dévoilant par bribes son histoire et les raisons qui l’ont mené à cette vie singulière.
Malgré les thèmes graves évoqués, Oxana a trouvé ce roman lumineux et nous l’a vivement conseillé.
Oxana - Un jeu sans fin, Richard Powers, Actes Sud
Oxana nous a également parlé de sa lecture en cours : le nouveau roman de Richard Powers, qui avait déjà écrit le fameux Arbre-monde. C’est avec enthousiasme qu’elle a évoqué ce nouvel opus mettant en scène quatre personnages à des époques différentes, mais un dénominateur commun : la mer. Nous avons hâte d’en savoir plus sur ses impressions de lecture, quand celle-ci sera terminée ! Ou sur les vôtres, si vous vous y plongez…
Nicole - La maison de Bretagne, Marie Sizun, Folio
Claire hérite d’une vielle demeure inconfortable sur une île bretonne. N’en gardant que des mauvais souvenirs, elle est bien décidée à la vendre au plus vite. Mais lorsqu’elle arrive, une surprise l’y attend et l’oblige à prolonger son séjour.
Un roman imprégné d’une forte ambiance bretonne, dont les descriptions ont beaucoup plu à Nicole et qui, dit-elle, se lit comme un thriller.
Audrey - Le Chant de la rivière, Wendy Delorme, Cambourakis
Gros coup de cœur d’Audrey pour cette histoire a deux voix qui se font écho : celle de la rivière qui raconte l’histoire d’un amour ancien et celle d’une écrivaine qui vient se réfugier dans la montagne pour y écrire. Un roman où les éléments naturels sont personnifiés et dont l’écriture est très sensorielle. Une pépite !
Le 23 mars à 10h41
Publié initialement dans la collection « Voix autochtones » aux éditions du Seuil, Cinq petits indiens a paru en poche fin 2024. Michelle Good y trace le portrait de cinq survivants des pensionnats autochtones au Canada. Issue des premières nations, elle apprend la réalité cachée de ces établissements alors qu’elle est pré-adolescente, à travers le récit de sa mère. Michelle Good sera quant à elle victime des rafles d’enfants perpétrées dans les années ‘60 et vivra quelque temps en famille d’accueil à partir de l’âge de 13 ans.
Ce roman est donc un texte très personnel, nourri de l’histoire intime de Michelle Good et de ses expériences professionnelles : en effet, après avoir travaillé 25 ans avec des organismes et communautés autochtones, elle décide d’entreprendre des études de droit et obtient son diplôme à l’âge de 43 ans. Elle exerce ensuite le métier d’avocate, défendant principalement les survivants des pensionnats. Marquée par les situations rencontrées durant ces années, elle s’inscrit ensuite dans un cursus de création littéraire avec l’objectif d’écrire un livre sur le sujet, sans savoir sous quelle forme.
C’est finalement ce roman qui en naît : Cinq petits indiens. Un ouvrage multi-primé et classé meilleure vente en 2021 et 2022 dans les librairies canadiennes (période à laquelle plusieurs pensionnats ont été déclarés « lieu historique national »).
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Cinq petits Indiens a suscité des réactions mitigées parmi nos lecteurs. Certains ont été très émus par les destins de ces personnages habités à vie par les souffrances et les abus endurés dans les pensionnats ; d’autres sont restés en retrait, gênés par les sauts d’un personnage à l’autre et par la temporalité du texte.
L’un des participants l’a trouvé trop léger sur le plan historique : la question étant de savoir si le but de ce livre est réellement de retracer l’histoire des pensionnats ou plus certainement de donner voix à des représentants de ces peuples autochtones ayant subi ce système d’oppression durant plus d’un siècle. En effet, tout au long du roman, la difficulté d’évoquer les expériences traumatiques vécues est omniprésente, entre survivants d’abord, mais également et surtout avec des personnes n’ayant pas traversé ces épreuves et ne pouvant les comprendre. Peut-être est cela même le but de ce roman : mettre des mots, donner à lire une réalité tellement complexe et rude à appréhender.
Le 23 mars à 10h41
En décembre, le club de lecture s'est réuni pour parler de roman sur le thème de la maison. Voici les livres au coeur de notre échange :
Laurence J. - Seule en sa demeure, Cécile Coulon, Collection Proche
Ce roman de Cécile Coulon se déroule au XIXe siècle. Une jeune femme dont les parents sont très âgés est donnée en mariage à un riche propriétaire terrien. La première femme de ce dernier est morte peu de temps après leur mariage. Cet homme, Candre, est très taiseux. Quand à la maison, il y règne une atmosphère étrange : elle est tenue par une gouvernante qui a élevé le maître des lieux et qui est mère d’un garçon muet, car on lui a coupé la langue. Pour égayer son épouse, Candre fait venir un professeur de flûte.
Laurence a trouvé ce roman très bien tenu jusqu’au bout et très bien écrit.
Céleste – La maison des feuilles, Mark Z. Danielewski, Monsieur Toussaint Louverture
C’est un véritable défi que s’est lancé Céleste : lire les 800 pages de ce premier roman complètement fou de l’auteur américain Mark Z. Danielewski.
Le livre est composé de deux histoires : dans la première, une famille emménage dans une maison. Du jour au lendemain, apparaît dans un mur un renfoncement. Celui-ci va se creuser jusqu’à former un couloir, puis un labyrinthe. Le père de famille réalisera un film au sujet de ce phénomène inexpliqué. Film auquel sera consacré un livre dont il est justement question dans la seconde histoire.
Faire le résumé de ce roman est une gageure, tout autant que le lire : le texte est disloqué, différents genres se mêlent (extraits de journaux, citations vraies… et fausses…), il faut jouer avec le livre, se balader au travers, le retourner, le manipuler. Le but ? S’y perdre… comme dans un véritable labyrinthe.
Qui osera prendre le relais de Céleste et relever le défi ?
Nicole – Une voisine encombrante, Shari Lapena, Pocket
Aylesford est un petit village américain où il ne se passe jamais rien, jusqu’au jour où des parents apprennent que leur fils de 16 ans s’introduit chez les voisins et fouille, leurs ordinateurs. Au même moment, la femme d’un voisin disparaît.
Nicole a apprécié cette lecture : un polar sans prétention, qu’elle a trouvé délassant et dont la résolution l’a surprise.
Laurence M. – L’indésirable, Sarah Waters, 10/18
L’Indésirable est un roman gothique de Sarah Waters, malheureusement indisponible aujourd’hui. Laurence l’a lu à sa sortie en 2010 et force est de constater que ce roman l’a considérablement marquée : son souvenir en est exceptionnel de précision !
Le narrateur raconte sa visite dans la maison d’un couple de notables du village lors d’une fête. Ce jeune homme a alors profité du fait que sa mère s’était portée volontaire pour faire la vaisselle pour pénétrer cette maison interdite. Impressionnée, il arrache un gland à l’une des frises en guise de souvenir.
Des années plus tard, la guerre est passée par là et les notables sont désargentés. Le narrateur, quant à lui, est devenu médecin et s’inscruste dans la maison : des choses étranges se produisent alors. La femme du notable a perdu son mari, le fils est revenu physiquement et mentalement blessé de la guerre, et la fille fait ce qu’elle peut. C’est sur celle-ci que le narrateur jettera son dévolu en lui faisant la cour.
Un roman mystérieux et une libraire- lectrice passionnée qui nous a mis l’eau à la bouche.
Epuisé
Laurence M. – Le passage du diable, Anne Fine, L’Ecole des Loisirs
Le thème de la maison enthousiasmait Laurence. Sa deuxième proposition est un roman jeunesse d’Anne Fine, dans lequel un garçon vit avec sa mère, reclus parce qu’il serait soi-disant malade. Son seul jeu est une maison de poupée. Un jour, la mère est internée et le garçon est envoyé chez son oncle. L’enfant découvre que sa nouvelle demeure est en réalité le modèle original de sa maison de poupée. Il en connaît donc tous les passages secrets pouvant le conduire dans les pièces qui lui sont interdites. Une présentation qui intrigue, non ?
Laurence M. – D’or et d’oreillers, Flore Vesco, L’Ecole des loisirs
Troisième lecture de Laurence : une réécriture de « La Princesse aux petits pois », par Flore Vesco. Un château abandonné dans un village, le fils du châtelain s’y réinstalle, une femme veut qu’une de ses filles l’épousent : tous les ingrédients requis par le conte sont en place. La femme simule une panne de carrosse qui obligera ses filles à loger au château. La suite ? A vous de la découvrir en vous plongeant dans ce roman !
Simone – La maison dans laquelle, Mariam Petrosyan, Monsieur Toussaint Louverture
Disons le d’emblée, puisqu’elle nous l’a confié : Simone ne se serait jamais lancée dans ce livre si elle en avait connu l’épaisseur. Pour autant, elle s’est attaquée à la tâche, qu’elle n’a pas encore terminée, mais dont elle nous a donné les premiers échos. « La maison dans laquelle », c’est un château transformé en pensionnat pour enfants différents. Il y règne à la fois une grande violence et une véritable solidarité. Simone nous a avoué avoir plusieurs fois eu l’envie d’abandonner ce livre, tout en s’étonnant de le reprendre à chaque fois. Elle relève le nombre important de personnages qui nécessite une grande concentration pour ne pas s’y perdre.
Simone et Christine – L’appartement du dessous, Florence Herrlemann, Charleston
Coup de cœur de nos lectrices pour ce roman mettant en scène une jeune femme (25-30 ans) héritant d’un appartement où elle décide de s’installer. Dans l’appartement du dessous réside une dame plus que centenaire. Celle-ci va initier une relation épistolaire avec sa jeune voisine. Un roman très riche en leçons de vie.
Marie – Dans la maison d’été, Karine Reysset, Flammarion
Un couple achète une maison dans le but de rassembler la famille (enfants et petits-enfants) pour des vacances ou des événements particuliers. Bien qu’il soit intitulé « La maison d’été », ce roman commence à Noël : le nourrisson d’une des filles meurt à 7 jours à peine d’un problème cardiaque. Un événement tragique qui se répète de génération en génération. L’histoire est racontée quarante ans plus tard par la sœur aînée du bébé. Un roman que Marie a trouvé très fort et suppose auto-fictionnel.
Fanny – Nous avons toujours vécu au château, Shirley Jackson, Rivages
Coup de cœur de Fanny pour ce roman !
Deux sœurs de la famille Blackwood vivent avec leur oncle. Elles ne sortent jamais, hormis Mary Cath pour aller faire des courses. Celle-ci a 16 ans et pensent avoir des pouvoirs magiques. Elle et sa sœur sont mises à l’écart, car toute leur famille est morte dans le manoir et on soupçonne l’une d’elle d’en être coupable. Leur équilibre singulier s’effondre lorsque leur cousin, qu’elles ne connaissent pas, fait irruption dans leur vie.
Fanny – Rebecca, Daphné Du Maurier, Livre de Poche
Autre lecture de Fanny : l’indémodable « Rebecca », de Daphné du Maurier. La narratrice, on ne connaît pas le nom, est dame de compagnie. Elle rencontre un veuf plus âgé qu’elle qui l’emmène chez lui en Cornouaille à Manderley. Cette maison est hantée par le fantôme de sa première femme et la narratrice se demande qui est vraiment l’homme qu’elle a épousé. Fanny a trouvé le personnage attachant et plus profond qu’on pourrait le penser de prime abord.
Oxana – La maison aux sortilèges, Emilia Hart, Pocket
Ce premier roman consacré à la figure de la sorcière met en scène trois femmes d’une même lignée à des époque différents (1600, 1940, 2019) et partageant une maison très particulière, comme une sorte de cocon vert. Ces femmes ont un talent pour communiquer avec la nature et les animaux. Elles sont à l’écoute de leur environnement.
Oxana est très vite entrée dans l’histoire : même s’il y a des éléments douloureux (la présence de personnages d’hommes écrasants, notamment), il se dégage une grande force de ces personnages.
Stéphane et Laurence J. – La maison où je suis mort autrefois, Keigo Higashino, Babel
Cet étrange roman de Keigo Higashion a séduit nos deux lecteurs. Il y est question d’une jeune femme qui, à la mort de son père, reçoit une lettre et un plan. Cette femme, amnésique de ce qu’elle a vécu avant l’âge de cinq ans, demande à son ex-compagnon de l’accompagner. Ensemble, ils vont tenter de comprendre les bizarreries de cette maison qui renferme toutes les explications quant à cette part d’enfance oubliée.
Le 23 mars à 10h41
Au mois d’octobre, le club de lecture adulte s’est réuni autour de Roman fleuve, de Philibert Humm. Un roman qui a divisé les participants : certains s’étant prodigieusement ennuyés, d’autres beaucoup amusés des tribulations des trois compères embarqués pour une descente de la Seine jusqu’à la mer (une réécriture actuelle du classique de Jerome K. Jerome, Trois hommes dans un bateau (sans oublier le chien)).
Parmi les détracteurs : Philippe n’a jamais lu un roman aussi vide, Laurence a parfois « souri », les autres étaient dans le même esprit.
A contrario, Nicole a ri aux éclats et Marie a apprécié l’humour décalé. Quant à Fanny et Céleste, elles y ont retrouvé des souvenirs d’aventures entre amis et ont même partagé cette lecture à voix haute.
A la lecture de certains passages, ceux qui n’avaient pas apprécié ont tout de même reconnu que certaines réflexions n’étaient pas dénuées d’intérêt ou de qualité littéraire.
On ne peut que vous inciter à le lire vous-même pour vous faire votre propre opinion !
Le 23 mars à 10h41