Publié initialement dans la collection « Voix autochtones » aux éditions du Seuil, Cinq petits indiens a paru en poche fin 2024. Michelle Good y trace le portrait de cinq survivants des pensionnats autochtones au Canada. Issue des premières nations, elle apprend la réalité cachée de ces établissements alors qu’elle est pré-adolescente, à travers le récit de sa mère. Michelle Good sera quant à elle victime des rafles d’enfants perpétrées dans les années ‘60 et vivra quelque temps en famille d’accueil à partir de l’âge de 13 ans.
Ce roman est donc un texte très personnel, nourri de l’histoire intime de Michelle Good et de ses expériences professionnelles : en effet, après avoir travaillé 25 ans avec des organismes et communautés autochtones, elle décide d’entreprendre des études de droit et obtient son diplôme à l’âge de 43 ans. Elle exerce ensuite le métier d’avocate, défendant principalement les survivants des pensionnats. Marquée par les situations rencontrées durant ces années, elle s’inscrit ensuite dans un cursus de création littéraire avec l’objectif d’écrire un livre sur le sujet, sans savoir sous quelle forme.
C’est finalement ce roman qui en naît : Cinq petits indiens. Un ouvrage multi-primé et classé meilleure vente en 2021 et 2022 dans les librairies canadiennes (période à laquelle plusieurs pensionnats ont été déclarés « lieu historique national »).
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Cinq petits Indiens a suscité des réactions mitigées parmi nos lecteurs. Certains ont été très émus par les destins de ces personnages habités à vie par les souffrances et les abus endurés dans les pensionnats ; d’autres sont restés en retrait, gênés par les sauts d’un personnage à l’autre et par la temporalité du texte.
L’un des participants l’a trouvé trop léger sur le plan historique : la question étant de savoir si le but de ce livre est réellement de retracer l’histoire des pensionnats ou plus certainement de donner voix à des représentants de ces peuples autochtones ayant subi ce système d’oppression durant plus d’un siècle. En effet, tout au long du roman, la difficulté d’évoquer les expériences traumatiques vécues est omniprésente, entre survivants d’abord, mais également et surtout avec des personnes n’ayant pas traversé ces épreuves et ne pouvant les comprendre. Peut-être est cela même le but de ce roman : mettre des mots, donner à lire une réalité tellement complexe et rude à appréhender.